First Climb
«
GELIO ! », hurlait-elle au milieu de la rue. «
Reviens ici, de suite ! », lâchai-elle encore alors que les habitants se tournaient vers elle. «
Maintenant ! Ou j'appelle ton père ! » Il riait. Elle, absolument pas. Maria était furieuse, comme souvent, lorsqu'il n'en faisait qu'à sa tête. «
Tu vas finir par te blesser, bon sang ! » Cette fois-ci, c'était le vieux chiffon qu'elle tenait encore qu'elle lançait à terre dans un geste de frustration. Il était intenable, en vérité. Infatigable, aussi. Elle le suivait encore du regard, tandis que le rouge lui montait de plus en plus aux joues. Entre l'agacement de cet enfant qui n'écoutait pas et la gêne de ces passants qui se retournaient. Elle finirait par l'achever avant qu'elle aie le temps d'en mettre un deuxième au monde. Et encore, fallait-il encore qu'elle en souhaite un autre. Et pas comme lui, si possible.
Elle poussait un soupir. Elle abandonnait. Encore une fois. Il n'écoutait pas. Il était temps qu'elle rentre préparer le repas avant que Miguel ne rentre de sa nouvelle journée sur les chantiers.
Aujourd'hui encore, il désirait se dépasser. Les autres ne le croyaient pas capables. Il s'ennuyait dans la cour de récréation. Les barreaux, il les connaissait par coeur, autant que les collines si aisées à franchir. Il n'y avait plus aucun défi. Il ne s'amusait plus comme il s'était tant amusé si longtemps. Puis ils lui avaient lancé un premier défi. Juste escalader un mur. A peine plus grand que lui. Puis un autre, plus grand encore. Jusqu'à sa première conquête alors qu'ils riaient. Atteindre le sommet de l'école. Il avait été sévèrement réprimandé, ce jour-là, autant par la directrice que par sa mère. Furieuses. Inquiètes. Elles disaient toutes les deux qu'il aurait pu se tuer. Mourir.
C'était quoi ?Aujourd'hui, alors qu'elle lui hurlait dessus, il se sentait insaisissable. Imprenable, même. Il avait décidé de grimper les bâtiments à mains nues, sans la moindre protection. Comme à l'école. Comme dans les vieux jeux auxquels son Père aimait tant jouer. Aujourd'hui, il comptait bien grimper sans s'arrêter. Ce ne serait pas le toit de sa maison qui l'arrêterait. Ni même un seul toit. Il les dépasserait tous, les surmonterait tous un par un. Puis, sa main s'était accrochée à une nouvelle prise. Une bonne, il le savait. Mais pas assez. Juste le temps de forcer un peu qu'elle lâchait. La brique s'était retrouvée dans sa main et, dans l'élan, l'avait décollé du mur. Un peu trop d'ailleurs car il le sentait, son équilibre n'était plus le même. Il n'en avait même plus, d'ailleurs. Il le sentait. Quelques secondes seulement. Une éternité alors que son jeune esprit gravait son erreur. Il n'avait pas prêté attention alors qu'il voyait le bout de l'ascension.
Il se souvient de la chute. Elle lui avait paru être d'interminables secondes. Plus longues que les minutes alors. Puis il avait senti, mais surtout entendu, ce mouvement anormal de sa jambe. Un mauvais bruit. Il avait encore entendu le cri de sa mère alors qu'elle hurlait partout. Cette nuit-là, il s'était réveillé dans un lit qui n'était pas le sien. Sa tête bourdonnait tandis que sa jambe gauche était coincée dans un plâtre. La chute lui avait coûté une belle jambe, en tout cas, alors que sa mère veillait, endormie, à son chevet. Bousculant légèrement cette dernière, qui gémissait alors qu'elle dormait sa nuit, il la réveillait finalement. «
Oui, Jesus ? »
«
J'aimerais commencer l'escalade, m'man. »
Second Climb
Une autre prise. Une de plus. La détente de son bras était maximale. Il était même encore un peu trop court. S'étendant un peu plus sur la pointe des pieds, il tenta un léger saut pour réussir son exploit. Un autre échec alors que le harnais l'attrapait et le serrait un peu plus à l'aine. «
C'est intelligent, tiens ! Rogelio, arrête tes fantaisies et concentre toi ! » Le moniteur, un vieil instructeur qui avait bien des jeunes, soupirait encore. Cela faisait maintenant six ans qu'il suivait le jeune homme. Arrivé alors qu'il n'avait que neuf ans, il avait néanmoins accepté ce dernier dans son établissement après avoir entendu son histoire. Six années étaient passées et le jeune débutant ne l'était plus depuis longtemps. Pourtant, encore aujourd'hui, il commettait les mêmes erreurs. De l'impatience. Il voulait trop vite réussir.
Pour finir par échouer. Encore une fois. Au sommet du mur, il retombait à son pied. «
Réfléchis avant d'agir ! » Le vieil homme était encore assis sur son muret et, à son visage fermé, l'adolescent comprenait bien que son habituelle erreur commençait véritablement à achever le système de l'autre homme. Définitivement, s'il continuait à agir de façon aussi imprudente, il finirait par l'abandonner. «
Qu'est-ce que je t'ai déjà dit à propos de la Grimpe ? » Il avait la tête basse. Un sermon. «
Réfléchir. M'arrêter, même quelques minutes. Souffler. Penser. Et voir le chemin. »
«
Tu as ta corde. Tu as le harnais. Tu as même quelqu'un en dessous pour ralentir ta descente. Tu crois que ce sera toujours comme ça ? » Le vieil homme avait une canne et il savait où il fallait frapper pour toucher l'ego du garçon. Touchant son tibia gauche, celui qu'il s'était fracturé avant de commencer au sein de l'établissement, l'adolescent grimaçait sous la vieille douleur qui lui revenait. «
Tu te permets trop facilement ton petit saut parce que tu te penses en sécurité. » Il poussait un soupir. «
Essayons autrement alors. Retire ton harnais de sécurité, Rogelio. Et essaie de grimper dorénavant. » L'ordre était clair, autant que l'enseignement qu'il allait apprendre ce jour-là. Alors que la nuit commençait, l'adolescent ne perdait pas espoir.
Chute. Après chute. Il entendait le vieil homme rire légèrement. Il s'amusait face aux défaites du garçon. Une première prise. Une autre prise. Il décollait son pied du sol. Suivi du deuxième. Une première tentative et il se retrouvait le dos contre le matelas. Une autre tentative. Jusqu'à monter ses pieds à plus d'un mètre du sol. Première victoire. Plus que cinq à conquérir pour compléter l'ascension du mur le plus difficile de l'établissement. C'est au bout de deux heures d'intenses entraînements, sans avoir réussi à passer avec succès les trois mètres, après maintes tentatives d'un saut qui le laissait dans le vide, que le vieil homme s'était approché de son corps à bout. «
Tu sais combien de fois t'es mort, ce soir ? Arrête de faire le con et tu réussiras peut-être quelque chose. »
Il était à bout de souffles, des cloches naissant même à ses mains. Ses doigts tiraient. Son dos lui faisait mal. Ses genoux étaient brûlés. Pourtant, malgré ses nombreuses chutes, il s'était senti libre. Cette nuit-là, il avait dormi d'un sommeil de plomb.
Third Climb
Elle était inquiète. Elle n'arrivait même plus à cacher ses cheveux gris et blancs, en vérité. Etait-ce plutôt de l'âge ou l'inquiétude ? Il était difficile d'en juger. Maria était vieille dorénavant, mais elle était néanmoins heureuse. Trois enfants. Une vie pleine de rebondissements, finalement. Elle souriait. Une tentative qu'elle n'arrivait pas vraiment à cacher à son fils aîné. Il avait pris son visage entre ses mains durcies par l'expérience de la Grimpe. Il lui souriait. Il n'avait plus peur. Pendant longtemps, ce fut le cas. Il avait eu peur de ce vide. De cette chute. Mais c'était fini. Il avait pris une longue inspiration. Puis il avait expiré doucement. Et il avait continué quelques secondes, jusqu'à ce qu'elle le suive dans son mouvement respiration. Inspiration. Expiration. «
Mama. J'ai beaucoup étudié, je te le promets. Je réussirai cette Grimpe. Pour Pa'. » Il souriait et l'enlaçait doucement. Il n'y avait pas besoin de plus.
Ce fut son frère qui était juste après. Et ils se serrèrent dans les bras. Suffisamment longtemps pour que, dans son oreille, il lui glisse quelques mots. «
Veille sur elles le temps que je ne suis pas là. T'es l'homme de la famille jusqu'à mon retour, p'tit frère. » Il l'aimait réellement. Aussi fou l'un que l'autre. Mais peut-être était-il l'enfant sage. Il était parfois difficile de distinguer lequel des deux était le plus fou, ou le plus sage. Il l'adorait et désirait le meilleur pour cet enfant. Puis vint finalement la plus petite de la Trinité, celle qui devait compléter le Clan Da Costa. Il continuait de sourire. Définitivement, son plus grand défi se trouvait juste derrière lui. Une montée de plus de 300m sans la moindre corde. Sans un seul harnais. Sans aucune protection. S'il chutait, il devait mourir. La tension était palpable. «
N'oublie pas notre pari, p'tite soeur. Si je réussis ... » Il s'arrêtait là. Il n'était pas utile d'amener le mauvais oeil à cet instant. Il allait réussir et elle lui offrirait ce qu'il avait demandé. Hochant de la tête, il s'approchait du dernière homme présent pour observer sa première montée. Son vieux moniteur, devenant comme un compagnon et un conseiller pour lui, avait accepté de l'entraîner personnellement alors qu'il avait obtenu son premier contrat professionnel.
Ensemble, ils avaient étudié l'ensemble des routes. Chaque accès, chaque mouvement à revoir. Il n'y avait aucune place à l'erreur dans un moment pareil. Tous les deux le savaient et aucun n'avait osé dire un mot. Peut-être était-ce la dernière fois qu'ils se voyaient. Autant qu'ils ne la cachent pas stupidement. D'une tape tranquille sur l'épaule, le vieil homme avait hoché de la tête, ce à quoi le Brésilien n'avait pu s'empêcher de répondre. «
On se revoit en haut, alors. » Il n'y avait pas besoin de plus. Et c'est ainsi que quittant son Clan, et en l'absence de Beth, il avait commencé sa Montée.
Combien de temps devait s'écouler durant son ascension ? Il n'en avait pas la moindre idée. Il n'avait pas cherché à calculer. Il devait même oublier toute notion du temps pour se concentrer uniquement sur ses mouvements. Une main qui se situait là. Une autre qu'il coinçait dans un autre mouvement rotatoire pour atteindre le promontoire. Souffler. Surtout souffler. Il n'avait pu s'empêcher de poser sa tête contre la pierre. Juste sentir qu'elle vivait. Froide. Rassurante. Puis il avait repris sa montée. Toujours aussi lente. Mais précise. Une montée de plusieurs heures pour atteindre son objectif. Le sommet. Une dernière prise. Une traction de son pied. Garder son centre de gravité proche du mur. Une impulsion de ses deux épaules. Son corps s'était raidi et, se soulevant au-dessus du vide, il se couchait sur la roche. La Terre ferme. Un soupir. Un sourire. Puis il avait ri.
Il avait réussi.
Seul.
Fourth Climb
Le temps était passé dorénavant. De l'eau avait coulé sous les ponts. Beth l'avait quitté bien des années auparavant. Mama était décédée depuis quelques années, un moment compliqué pour l'ensemble de la fratrie. Le vieux n'était plus non plus et le Grimpeur s'était retrouvé plus seul que jamais. Il avait dû apprendre à étudier par lui-même. Trouver les routes les plus sûres, sans oublier l'ensemble des enseignements que l'homme lui avait appris. Etendant un peu plus encore ce qu'il faisait, notamment en pratiquant de plus en plus souvent la Chute Libre, le Brésilien n'était plus exactement celui qu'il était. Une vie d'entraînement et de liberté avait eu un véritable prix. Les fleurs en main, la tombe face à lui, il s'était agenouillé face à celle qui, malgré tout, l'avait soutenu. Maria Da Costa. Il ne pleurait pas, mais le silence était pesant. C'était son anniversaire aujourd'hui, le dernier qu'il passerait avec elle, en vérité. Une longue inspiration, le coeur lourd, puis il expirait. Les deux autres le rejoindraient un peu plus tard.
«
Hey, Ma'. J'espère que vous allez bien, toi et Pa'. Que c'est mieux là où vous êtes maintenant. » Il souriait, regardant à gauche et à droite qu'il était bien seul. «
Tu nous manques, tu sais ? C'est quand même différent sans toi. On se voit toujours autant mais ... T'es plus là pour nous rassembler. » Il hausse une fois les épaules.
C'est la vie. Il repensait aux nombres de fois où elle l'avait pourchassé alors qu'il ne tenait pas en place. Sourire en coin. «
J'ai pas été le plus facile des trois, j'imagine. En plus que j'ai régulièrement entraîné les deux autres dans mes bêtises. Mais t'en fais pas ... » Il prenait une longue inspiration. C'était plus difficile qu'il ne l'avait imaginé. «
Je veillerai sur eux, là où nous serons. Ils se réjouissent déjà d'y être, en vérité. Je pense même que ça pourrait nous faire du bien, nous réunir à nouveau. »
«
Dommage que tu ne sois pas là pour les voir. » Sa gorge se serrait à nouveau sous l'émotion. Un autre coup d'oeil, à gauche, à droite. Il ne désirait pas être vu alors qu'il tombait finalement sur ses fesses. Aujourd'hui, il désirait juste être seul avec elle. Une dernière fois avant le départ. «
Dis à Pa' qu'il me manque et que je l'aime, tu veux bien ? Et merci à tous les deux pour m'avoir soutenu. » Il posait les fleurs face à lui, croisant ses jambes et parlant encore et encore. Une heure passa alors qu'il racontait ses dernières aventures. «
Tu savais que j'avais réussi la Grimpe d'El Capitan, finalement ? » Comment le vieil homme avait fini par tirer sa révérence. Comment il avait revu Beth, une fois, lors d'une compétition. Elle avait essayé, évidemment, qu'ils se retrouvent à nouveau. Mais ce fut un échec, cette fois-là aussi. Il avait parlé des derniers anniversaires manqués. Puis la nuit était tombée. Une dernière nuit.
«
Au revoir, Ma'. Au revoir, Pa'. Promis, je veille sur la famille et je vous dirai quoi depuis les étoiles. »
Fifth Climb
Il y a bien des raisons qui poussèrent Rogelio à intégrer le Projet Noé. La première des raisons, personnelle, était qu'il n'y avait plus rien qui le retenait sur Terre. Son histoire avec Beth était définitivement enterrée et terminée, bien que les restes étaient souvent difficiles à digérer. Son père et sa mère étaient décédés, tout comme le vieux moniteur. Mais, surtout, sa Soeur, la Scientifique des trois, et son frère, le Militaire, lui avaient demandé de les accompagner. Ils ne voulaient pas l'abandonner derrière, seul. Cela avait été de longues discussions, souvent partagée entre le respect qu'il vouait aux morts, et sa responsabilité de les protéger. Respecter ceux qui n'étaient plus, ou rester près d ceux qui restaient. Il avait soupiré, un soir, alors qu'ils en discutaient. Ils savaient comment le travailler et finalement, il avait abandonné. Peut-être que ce n'était pas une si mauvaise idée. Un nouveau départ. Reprendre à zéro.
Alors qu'il était face au Docteur, feuille numérisée face à ce dernier, il jetait un coup d'oeil autour de lui. Tableaux idéalisés d'une planète encore inconnue. Mur blanc médical. Et cette fenêtre qui donnait sur l'extérieur. Une ville dont il avait toujours rêvé de visiter et, pourtant, le point de départ d'une nouvelle aventure. Interrompu dans ses rêveries, il sursauta finalement alors qu'il reprenait contact avec la réalité. La question était difficile. Pourquoi devait-il être accepté ? Son frère était un soldat, travaillant dans les forces aériennes ? Sa soeur avait un doctorat ? Il n'avait rien de cela. Seulement un freelancer aux multiples contrats, travaillant à dépasser l'extrême de l'Humanité. «
Bah ... Clairement, je n'ai aucun diplôme. Je ne suis même pas vraiment un militaire comme mon frère. Je ne suis même pas capable de réellement cuisiner. » Il riait. Il n'apportait rien, directement à la Colonie future. «
Vous avez besoin de Colons, mais vous avez aussi intérêt à avoir des gens comme moi. Des aventuriers. Des gens qui dépasseront les frontières pour en apprendre plus. C'est bien joli d'avoir une armée solide, des soldats qui viennent du monde entier. Et clairement, avoir des scientifiques, ça sera aussi utile pour comprendre ce nouveau monde. Il y aura aussi besoin de gens qui travaillent la terre, qui étudie à gauche et à droite. Puis il y aura cette chair à canon, comme moi, ceux qui ne seront pas vraiment utiles dans la Colonie, j'imagine. » Il s'arrête. Il réfléchit encore quelques instants. «
D'une certaine façon, lorsqu'il faudra partir explorer et ramener des échantillons, vous allez envoyer qui ? Mon frère et perdre possiblement un soldat, un protecteur ? Ou ma soeur, celle qui pourra justement comprendre les échantillons ? Naaaah. Je serai celui qui sera envoyé. Je reste dispensable au sein de votre future Cité ... Mais je suis indispensable si vous désirez vous étendre et dépasser les frontières connues. »
Le Docteur avait longuement discuté avec lui. Sur les motivations qui l'avaient retenu si longtemps sur Terre. «
J'ai ... J'ai finalement monté El Capitan, vous savez. La Terre regorge de secrets que j'ai défié pour ceux que je connaissais. Dorénavant, j'aimerais dépasser ses frontières et explorer plus loin encore. Bien sûr, je comprends que je ne sois pas un premier choix, je ne suis pas le plus utile aux intérêts vitaux d'une nouvelle colonie mais ... J'aime à croire que ma concentration et ma détermination seront utiles dans l'élaboration de vos projets. »
Il avait vomi. Durant de longues heures, il avait vomi. Il resterait derrière. Son frère et sa soeur partiraient tandis qu'il resterait sur Terre, à s'occuper des morts. A finir par mourir d'ennui. Jusqu'à cette nouvelle. Il était pris. Grâce à son frère ou sa soeur ? Ce qu'il avait dit avait été retenu ? Il était pris et la famille riait. Ils s'en iraient ensemble.
Last Climb
Il avait été éveillé. Très tôt en vérité. Plus tôt qu'il ne l'aurait cru. Le protocole le voulait de la sorte. Quand un membre de la famille était éveillé, l'ensemble l'était en même temps. Ce n'était pas lui le premier éveillé car il était encore dispensable. Il n'était pas encore utile et il le savait alors qu'il sortait du caisson de stase. Son frère avait été éveillé. Personnel militaire obligé. Puis ce fut très certainement sa soeur, personnel scientifique. Les deux priorités dans cette mission coloniale. Les deux l'avaient accueilli, sourire aux lèvres. ll ne faisait pas partie de ce personnel. Les serrant dans ses bras, il les embrassait à tour de rôle. Ils lui avaient expliqué la situation. Elle n'était pas exactement celle rêvée. Un soupir. Définitivement pas ce qu'on lui avait quand même vendu des années auparavant.
Il y avait eu un accident. Un méchant accident. Plutôt embarrassant, d'ailleurs, puisque le vaisseau s'était échoué près d'un continent inconnu. Les données sur la planète ? Inconnues. En vérité, ils étaient entièrement aveugles. Ils ne connaissaient rien, ne savaient rien. Il avait quand même souri alors qu'il traversait les couloirs, encadrés par ses deux benjamins. «
Finalement, on ira un peu à l'ancienne et je serai plus vite ... Déployé alors. » Il avait ri. Qui l'aurait cru ? Si tout s'était passé correctement, il aurait pu rester en stase sa vie entière, être éveillé qu'une fois la Colonie entièrement développée. Mais tout ne se passait pas toujours comme prévu. Peut-être sa chance en vérité. Puis ils lui avaient expliqué le premier test.
«
Cela commence à faire beaucoup, les gars ! » Il avait une envie de vomir alors qu'il tentait encore de coller toutes les pièces. D'abord l'Avalon. La sortie de stase un peu rapide. L'accident. C'était une première chose. Ensuite venait la deuxième nouvelle, venue dans la même rafale. Beaucoup trop d'informations en trop peu de temps. Dorénavant, ils parlaient tous les deux en même temps d'un certain Docteur Carlsson, de son travail. Ils parlaient vite, excités qu'ils étaient de lui expliquer ce qui se passait dorénavant. Il s'était arrêté brièvement au milieu de sa marche. Ils parlaient dorénavant des Ecailles. Elles étaient toutes uniques à chaque possesseur. Peu arrivaient encore à les maîtriser ou même à être ce qu'ils disaient être
neuro-compatibles. Mais aucun des Da Costa ne l'était jusqu'à maintenant. Pourquoi le troisième et dernier, Civil des trois, aurait plus de chances ?
Alors que les tests s'exécutaient, il n'avait pu s'empêcher d'être gagné par l'excitation de ses benjamins. Il devait tester, comme tout le monde. Il n'y croyait évidemment pas, c'était impossible que des trois, il soit celui qui soit comptable. Pourtant, il s'était laissé convaincre par les deux imbéciles. Qui ne tentait rien ne risquait rien mais il ne voulait pas y croire. Puis cette tentative et cette expérience unique. L'Ecaille s'était créée soudainement autour de lui. Quelques secondes qui avaient duré comme une éternité. Puis son estomac n'avait pas tenu. Aussi rapidement qu'elle était apparue, tout avait disparu autour de lui et le contre-choc était brutal. Disparaissant, il avait vomi. Pourquoi cela devait être lui ? Qu'avait fait Carlsson pour qu'il soit celui qui soit compatible et non son petit frère, ou même sa petite soeur ? Les deux autres n'étaient pas loin, inquiets de sa situation. Il ne paniquait pas encore exactement mais il tentait encore de comprendre ce qui se passait. Comprendre le nouveau plan. Etait-ce réellement ce qui se passait dorénavant ?
Il n'arrivait pas à le comprendre. Pourtant, alors que son frère rejoignait le corps militaire et que sa soeur était une scientifique, il devait rejoindre le premier corps expéditionnaire, celui où les Ecailles appartenaient. Où ils feraient partie d'une nouvelle Unité. Les Guerriers d'Avalon. Tout ceci était tout nouveau pour lui. Et si les entraînements lui rappelaient la jeunesse, il tentait encore de comprendre toutes les capacités de sa nouvelle armure. Ce n'était pas aisé ... Pourtant, il ne pouvait pas refuser ce pouvoir incroyable qu'était sa compatibilité neurologique avec son Ecaille.