Cela faisait maintenant quatre ou cinq jours qu'elle était sortie de stase, que l'on avait annoncé la mort de Derek, qu'elle sétait retrouvée compatible avec un noyau d'écaille. Malgré sa tristesse, la jeune femme avait tenté de vivre normalement. De sortir pour continuer à prendre ses cours d'informatiques adaptés aux besoins de la colonie. Elle était déjà passée une fois au QG de l'UTRD afin de faire connaissance avec les lieux. Ces derniers jours furent la découverte de son nouvel environnement. On était quand même loin de la description de la brochure. Cependant, Jack n'était pas étonnée. Par expérience, la jolie brune savait que les choses se déroulaient rarement comme prévues. Ce matin-là, elle était allongée sur son lit à fixer le plafond comme si tous les secrets de l'univers s'y trouvaient dans l'attente d'être découverts et percés. Le réveil se mit en fonction et diffusa un gros son dans la pièce, un bon gros rock des bas fonds glauques de la Grosse Pomme. Elle ne bougea pas continuant à fixer le plafond.

- IA du domicile: Jack, il est l'heure de se lever maintenant. Tu as rendez-vous avec le médecin dans deux heures pour ta visite médicale.

La voix synthétique avait été travaillé par la jeune femme pour paraître plus humaine, sans succès pour l'instant.

- Zarhat Allayl: Ok, mais laisse la musique dans tout l'appartement.

Zarhat se leva et se dirigea vers la cuisine pour prendre son petit-déjeuner. Après quoi, elle fila dans la salle de bain pour prendre sa douche, se maquiller. Devant son miroir, elle observa son visage et pensa à tout le chemin parcouru depuis son enfance. Un léger sourire s’esquissa sur ses lèvres. La nostalgie la pris par surprise quand son esprit vagabondant s'arrêta sur Derek. C'était fou comme l'absence de ce vieux bougre l'avait marquée. Mécaniquement, elle finit de faire son œil d'Horus, comme c'était la tradition depuis près de dix ans. La jeune femme passa des fringues pratiques et laissant une grande liberté de mouvement. Avant de sortir de son appartement, la jolie brune s'adressa à l'IA domestique.

- Zarhat Allayl: Fin de la musique.

Une fois dehors, elle ferma la porte elle-même. Jack n'avait pas branché son IA sur les circuits importants de son domicile. Son passé l'avait rendue quelque peu méfiante à ce niveau. Doucement mais avec détermination, elle marcha dans les rues de la colonie et se dirigea vers le centre hospitalier. La jolie brune avait encore le temps avant que ce soit son tour de passer la visite médicale. Puis, les médecins étaient toujours en retard, ils étaient pires que les transports en général. Finalement, elle se retrouva assez vite devant le bâtiment hospitalier. La jeune femme resta immobile devant ce dernier comme si elle était indécise sur la marche à suivre. Un petit haussement d'épaule et elle entra par la porte principale. A l'accueil, on lui donna toutes les informations pour se rendre on bon endroit. Quelques minutes plus tard, Jack se retrouva dans une salle d'attente au mur impeccablement blanc qui lui donnèrent une irrépressible envie de les taguer. Sur la table, il y avait de vieux magasines terrestres car pour le moment la colonie n'avait pas encore ses propres éditions et commérages. La jolie brune fit une grimace, car ce genre de lecture n'était pas sa tasse de thé. La lecture n'était tout simplement pas sa tasse de thé en fait. Alors qu'elle se perdait dans diverses considérations futiles, elle fut tirée de celles-ci par une voix féminine. C'était apparemment le médecin. Elle se leva et tendit la main pour serrer celle du doc tout en la saluant avec un large sourire aux intonations taquines.

- Zarhat Allayl: What's up doc ?

Le docteur était une femme brune à la peau pâle et des lunettes sur le nez. En la regardant, on pouvait voir une certaine forme de joie de vivre qui était rafraîchissante tellement le quotidien pouvait parfois se montrer pesant. Surtout si on prenait en compte les mauvaises nouvelles qui avaient tendances à venir par paquets de dix. Les gens n'arrêtaient pas de se plaindre de tout et de rien, du fait que l'on ne pouvait plus communiquer avec la Terre, que la faune et la flore étaient hostiles, que le climat était trop humide, que l'emplacement de la colonie n'était pas optimal. De son côté, Jack n'avait qu'une seule infirmation à catégoriser dans les mauvaises nouvelles, la mort du vieux Derek et peut-être de se retrouver avec une écaille alors qu'elle n'était probablement pas faite pour la vie militaire. Donc, l'apparente joie de vivre du médecin était un bon point aux yeux de Zarhat. La poignée de main du doc fut ferme mais pas trop appuyée et elle avait apprécié cela. De son côté, la brunette avait tendance à serrer un peu trop fort la main des gens. Certainement que c'était un héritage de sa vie dans son ghetto urbain où il fallait s'imposer de suite sous peine de se faire marcher dessus. La doctoresse l'invita à entrer dans son bureau et lui désigna un siège où Jack alla s'installer confortablement. Son interlocutrice prit place en face d'elle et consulta un dossier sur son ordinateur.

- Zarhat Allayl: Ouais et pendant que vous y êtes, appelez moi Jack.

On entrait dans le vif du sujet. La jeune femme n'aimait pas trop que l'on utilise son nom de famille ou son prénom. A l'aise sur son siège, la jeune femme riva son regard sombre sur le médecin et prit une légère inspiration avant de répondre plus en avant à son questionnement sur sa santé actuelle.


- Zarhat Allayl: Rien doc. Comme vous pouvez le voir sur mon dossier, j'ai une bonne santé en général. je ne me laisse pas faire facilement.

Est-ce que cela avait un rapport quelconque avec la question ? Pas vraiment, mais elle voulait paraître dure. Non pas parce qu'elle avait une écaille et que c'était en quelque sorte les futurs héros de la colonie, mais tout simplement parce qu'elle avait l'habitude de ne pas montrer ses faiblesses, de jouer les durs à cuire. Le regard toujours accrochée à son interlocutrice, Zarhat reprit la parole sur un ton calme et légèrement amical.

- Zarhat Allayl: Alors ? Pourquoi je suis là ? J'ai déjà passé tous les tests à la sortie de ma stase. J'ai même passé ces satanés tests avec le noyau d'écaille. Je doute que vous soyez un psy. De toute façon j'ai dû m'en coltiner un au QG de l'UTRD avant de savoir si je pouvais jouer avec une écaille. Ils sont paranos là-bas. Donc, j'avoue que j'ai la curiosité titillée par cette visite médicale.

Jack et la subtilité, cela faisait deux. La jeune femme préférait être franche et directe dans ce genre de situation. La fuite n'était pas une option, donc autant attaquer la première et avoir un minimum de contrôle. La brunette avait encore du mal a se détacher de ses habitudes de terrienne venant des bas fonds new-yorkais.

Le doc avait des expressions assez étranges. Les pierres les plus dures avaient aussi leur faiblesse. Cette phrase tournait dans l'esprit de la jeune femme qui avait bien du mal à savoir où son interlocutrice voulait en venir. Plus la doctoresse parlait et plus Jack trouvait qu'elle s'éloignait d'une réponse à la question précédemment posée. Tentait-elle de noyer un poisson ? Encore une expression qui fit légèrement sourire la brunette. Ceci dit, elle comprenait parfaitement l'excès de prudence face à ce nouvel univers dont on ne connaissait rien. On ignorait totalement les maladies qui pouvaient se trimbaler librement vie la faune ou la flore. Cependant, les organisateurs de cette expédition avaient vendu du rêve avec la médecine moderne soutenue par les nanomachine. Dans ces conditions, que pouvait-on bien craindre ? Encore une question qu'elle poserait probablement à cette femme qui lui faisait face. La jeune femme écouta distraitement son interlocutrice et fit patienter l'assistant robotisé. Quand Jack le décida, le robot put réaliser le prélèvement demandé par le doc, elle en profita pour répondre tout en relevant sa manche gauche et tendre le bras à la machine.

- Zarhat Allayl: Je croyais que la médecine moderne avec le soutient des nanomachines pouvait venir à bout de presque tout. Vous avez des doutes là-dessus ? Vous pensez que l'on nous a menti lors de notre inscription à ce propos ?

A la fin de sa question, la jeune informaticienne afficha un léger sourire dans l'attente de la réponse, car il serait intéressant de connaître le point de vu de la doctoresse sur ce point. Ceci dit elle rajouta presque immédiatement.

- Zarhat Allayl: Pour info Doc, je dis toujours les choses quand elles doivent être dites. N'ayez crainte sur ce point. Puis, l'UTRD fait très attention à ses précieux guerriers d'Avalon.

Jack avait le regard pétillant de malice et un petit sourire taquin s’esquissa légèrement sur ses lèvres. S'il y avait bien des gens particulièrement chouchoutés sur la colonie, c'était bien les rares élus qui étaient compatible avec une écaille. Après tout, beaucoup de chose dépendaient de leurs actions, de leur santé et de leur bien-être. Ce n'était pas pour rien qu'ils pouvaient profiter d'un appartement plus grand que les gens lambda. Zarhat avait le choix de ne pas profiter de cet avantage. C'était une chose qu'elle ne comprenait pas et qu'elle percevait un peu comme du favoritisme mal placé.  Etant seule depuis le décès du vieux Derek, elle pouvait largement se contenter d'un appartement simple. A la pensée de son vieux mentor, une légère tristesse passa, mais elle n'en montra rien. Au niveau de ses sentiments, la jeune informaticienne était particulièrement pudique. Pendant tout ce temps, elle jouait avec un vieux briquet qui avait appartenu à Derek. Un briquet qu'elle avait récupéré à la morgue quand on lui avait demandé de reconnaître le corps et que l'on lui ait remit les effets personnel du vieux bonhomme. Un coup d’œil au robot lui indiqua qu'il avait terminé sa besogne et la jeune femme décida de rebondir la-dessus.

- Zarhat Allayl: C(est pour quand les résultats ? J'ai hâte de savoir s'ils sont bons ou pas?

Elle fit une légère moue boudeuse comme si elle était réellement préoccupée par les résultats de ces analyse.

Apparemment, le doc s'y connaissait dans les guerriers d'Avalon puisque sa colocataire en était une. Une pointe de curiosité prit la jeune femme qui se demanda si elle avait eut le plaisir ou pas de rencontrer cette personne. C'était fort probable, il n'y en avait pas tant que cela de guerrier pour le moment. La réponse quand au fait que l'UTRD était au petit soin laissa penser que la doctoresse était au courant des avantage de cette caste de personne. De son côté, Jack n'avait pas accepté de prendre un appartement plus grand que ce qui était nécessaire pour elle. Cela avait un peu surpris l"intendant qui avait l'habitude de voir les gens prendre toujours le plus grand qu'ils puissent. La jeune femme était comme ça. Ce n'était pas la taille de son logement qui la rendrait plus heureuse ou mieux dans ce nouveau monde. En fait, elle avait gradé les vieille habitude de la Terre: faire avec ce que l'on a. Tout à sa réflexion sur cette nouvelle société qui commençait en mettant en place un système inégalitaire, Zarhat fut un peu surprise d'entendre son interlocutrice parler de ses résultats qui furent quasiment instantanés. Tout était dans le vert d'après les dires de la jeune femme brune à lunettes qui ponctua le tout par une information d'une importance capitale: La visite médicale était close. La jeune informaticienne commença à se lever de son fauteuil quand elle fut cueillie en plein effort par une invitation surprise de doc.

- Zarhat Allayl: Par la force des choses, je connais des gens. De là à dire que ce sont des amis, il y a un fossé.

Zarhat observa son interlocutrice avant de rajouter sur un air amusé.

- Zarhat Allayl: Seriez-vous en train de me draguer Doc' ?

Puis, Jack partit d'un éclat de rire franc avant de se reprendre afin de rajouter à bout de souffle.

- Zarhat Allayl: Boire une tasse au "Trou", c'est toujours plus sympa que de passer une visite médicale. Je vous préviens, j'aime bien faire la fête et je ne sais pas faire les choses à moitiés.

Maintenant, elle était debout près de la porte du cabinet et afficha un large sourire avant de rajouter.

- Zarhat Allayl: On y va ?

C’est dommage de ne pas avoir d’amis. Je n’ai jamais vraiment eu de famille. Si pendant un moment je m’étais sentie aimée par ma mère… Puis elle était morte, elle m’avait laissée comme ma mère biologique. Depuis je suis certaine que les liens familiaux ne sont pas toujours aussi fort que ceux d’amitié.  Moi la draguer ? J’ose doucement un sourcil, avant de rire doucement. Non je ne pense pas être attirée par les femmes. En fait j’ai du mal a ressentir vraiment le désire. J’aime me faire des amis, mais je ne suis pas comme certaine de mes connaissances qui pourraient sauter sur n’importe qui.

« Vous savez j’ai des origines russes… Avec pas mal d’amis la bas… Niveau taux d’alcoolémies ils sont assez forts. »

Et étrangement je me débrouille assez bien. Je me lève tranquillement avant de regarder ma tenue.  Mon tailleur n’est pas vraiment fait pour sortir au « Trou ». Non mais qu’elle idée de donner un nom pareil au bar. J’observe aussi mes pieds, mes soulier de travail ne sont pas non plus des plus utiles la bas.  

Je m’approche doucement de la femme.

« Si on se rejoignait la bas. Le temps que je prenne une douche et que je me change.  Je crains que mon tailleur ne soit pas le plus agréable pour boire. »

Je ne compte pas lui poser un lapin, mais après une journée de travail cela ne me fera pas de mal de prendre une douce rapide. Je ne sais pas vraiment pourquoi mais j’ai envie de me lâcher un peu.

« Ou alors  tu m’attends...  Ca te dérange pas que je te tutoie ? »

Parce que bon allez au bar avec quelqu’un et le tutoyer c’est un peu étrange…  

[Tu peux ouvrir au trou si tu le désire]

Alors que Zarhat était partante pour une petite soirée au "Trou", le doc tempéra un peu le mouvement en signalant qu'elle avait besoin de passer chez elle pour prendre une douche et se changer. Certainement qu'elle avait besoin d'effacer la fatigue de la journée de travail et les quelques soucis qui allaient avec inéluctablement. Jack haussa les épaules comme à son habitude. Un léger sourire flottait sur ses lèvres quand elle répondit à la médecin.

- Zarhat Allayl: J'y vais en reconnaissance. Comme ça on aura une table pour se poser. Ne traîne pas trop doc, sinon tu risques de louper le plus fun de la soirée.

La jeune femme laissa échapper un petit rire taquin. Elle fit un signe de la main avant de répondre à la dernière question de la représentante du corps médical.

- Zarhat Allayl: Na ! Ça ne me gêne pas du tout Doc.

Zarhat se leva d'un bond de son fauteuil et se dirigea vers la porte du cabinet. Elle fredonnait un petit air de musique festif. Jack était le genre de personne qui aimait particulièrement faire la fête.

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