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| [mois 4] Essayer encore. Rater encore. Rater mieux.— Avec Thomas. | |
| Invité | Sam 22 Juin - 22:24 |
Essayer encore. Rater encore. Rater mieux. Quelques mois se sont écoulés depuis mon réveil, pourtant je ne peux pas affirmer m’être habituée à mon nouveau quotidien à la Nouvelle Avalon. Bien qu’une forme de routine ait déjà commencé de s’installer entre mon entraînement de guerrière et mon apprentissage en kinésithérapie, j’ai toujours l’impression de me mouvoir en plein rêve. Je tâche de ne pas me laisser le temps de réfléchir, et l’exercice en est assurément le moyen le plus expédient.
Six heures. Je m’applique à exécuter mes rituels du matin : longs étirements pour réapprivoiser mes muscles, douche froide pour améliorer la circulation et oxygéner le corps, puis un petit-déjeuner qui n’a rien d’enchanteur. Ce que je considère comme mes nouvelles obligations me fait d’ailleurs plus souvent partager la table de mon père et j’en suis heureuse, au fond – ma mère et mon frère n’ont pas encore ouvert l’œil quant à eux. Nous occupons tous les quatre le même logement car je n’ai pas tenu à bénéficier de mes privilèges de guerrière à cet égard. Il me semble important de ne pas être seule, d’entretenir un semblant d’illusion que rien n’a changé ; or en un sens, il n’y a rien de plus rassurant qu’entendre Rafael franchir le seuil de la cuisine en grommelant et en se grattant paresseusement le ventre. De toute façon, cet appartement est très bien.
Comme d’habitude, je m’abstiens d’interroger mon père sur le déroulement de sa journée. Lui non plus ne se hasarde pas à le faire, mais je sens bien, par moments, que son regard se fait plus insistant, comme s’il cherchait à savoir comment j’allais sans me le demander explicitement. Sa pudeur affective m’a toujours attendrie, bien que sa décision de participer au projet Noé me soit encore une épine dans le cœur. Je finis par lui sourire. J’essaie de me convaincre qu’il n’est pas judicieux de charrier derrière moi toutes ces rancœurs inutiles. Plus facile à dire qu’à faire. Sans m’attarder davantage au-dessus de mon bol de céréales, je me lève pour déposer un baiser sur son front et m’éclipse afin de me brosser les dents. Une fois mes rangers enfilées, je m’élance vers le QG de l’UTRD.
La matinée sera consacrée à l’entraînement. Ratatosk reste un vaste mystère pour moi et mes insuffisances font que je ne suis pas encore à la hauteur de son potentiel. J’ai déjà accompagné des écailles plus expérimentées lors de missions sans réel danger, mais il est évident que je ne suis toujours pas prête à me confronter aux réelles menaces qui fourmillent au-delà de nos remparts. Je dois me montrer patiente et supporter autant de fois que nécessaire le confinement des caissons de simulation.
La salle est encore déserte. J’en profite pour inspirer et expirer profondément afin de me détendre. Lorsqu’une silhouette finit par remplir l’encadrement de la porte, je me décompose légèrement en reconnaissant l’homme qui est à la tête de l’UTRD. Je m’applique aussitôt à me raidir dans le salut d’usage, bredouillant un maladroit « Mon commandant. Stella Edlund, noyau n°517, écaille Ratatosk, à vos ordres. » Voilà, j’ai déjà l’impression d’avoir couru un marathon. Oh, je sais bien que je ne suis pas tenue d’appliquer un quelconque protocole en sa présence dans la mesure où je ne suis qu’une simple civile, mais si mon militaire de père avait le malheur d’apprendre que je suis restée avachie devant le commandant de l’UTRD, il aurait sans doute cherché à me faire manger l’un des câbles tranchants de Ratatosk.
J’essaie de dissimuler ma nervosité – alerte : c’est raté – et ne trouve rien d’autre à faire que me mordre l’intérieur de la joue. Que dire ? Dois-je préciser que je ne suis pas en train de tirer au flanc ? Je me hasarde à poursuivre : « J’attends encore mon formateur. Il ne devrait pas tarder à arriver. » Alors, oui, les messages qui me préviennent des entraînements en réalité augmentée ne précisent pas nécessairement l’identité du formateur en question, ni le nombre d’élèves qui se retrouveront avec moi pendant la même session. C’est peut-être le signe d’une submersion généralisée : sans doute est-on contraint de faire avec les moyens du bord, de composer selon les disponibilités de chaque individu compétent, qui peuvent varier d’une heure à l’autre en fonction des tâches à effectuer. Je l’ignore, et me perdre en conjectures ne va probablement pas m’aider à avoir l’air moins con.
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| Âge du Personnage : 35 ans Nationalité du Personnage : Francais Métier du Personnage : Commandant de l'UTRD Thomas Dupuy | Dim 23 Juin - 0:15 |
Thomas était un homme de terrain, tout comme un chef de front, pas le genre de carriériste à passer sa vie dans un bureau. Peut-être que cela en amusait certains, mais pas lui, il restait trop le prototype du soldat à l’ancienne. Il se farcissait déjà énormément de paperasse avec le commandement de l’UTRD, mais il essayait d’être présent pour les Guerriers d’Avalon dès qu’il le pouvait. Ceux qui sortaient de l’armée n’étaient pas difficile à gérer, il suffisait de leur donner des instructions claires et ils se montraient autosuffisants. Mais la grande majorité était constituée de civils qui n’avaient jamais combattu de leurs vies ou tenu une arme. Ceux-là nécessitaient de l’entrainement, mais aussi un suivi pour les aider. Thomas essayait d’en faire le plus possible, de leur montrer qu’ils n’étaient pas là pour être envoyer au casse-pipe et qu’ils pouvaient compter sur lui.
Aujourd’hui, il allait superviser un entrainement, une jeune femme avec une Écaille adaptée au combat rapprochée en milieu dense. Une discipline qu’il avait apprit du temps des Forces Spéciales et qu’il ne pensait pas reconvertir ainsi. Et même si elle était dans un registre différent, son Écaille aussi était faite pour la mobilité et le combat rapproché. En chemin, il feuilleta un peu le dossier de la jeune femme. Une fille de militaire, ancienne gymnaste de haut niveau. Donc, elle devait connaitre déjà un peu la culture militaire et elle avait certainement une excellente condition physique, ce qui constituait déjà des bons points.
Il arriva dans la pièce et il vit la jeune femme se raidir immédiatement et tenter de la saluer. L’avantage, c’est qu’il pouvait ainsi se faire une idée de son physique d’un simple coup d’œil. Une athlète effectivement, petite et fine comme la plupart des gymnastes, dont le corps subissait souvent des dérèglements à cause de l’entrainement à un jeune âge. Par contre d’un point de vue mental, elle était un avatar de la nervosité.
Du calme Stella, vous n’êtes pas une militaire, vous n’avez pas besoin de faire ça, même avec moi.
Thomas tenta de briser directement la glace, l’appelant par son prénom, espérant créer une proximité qui aiderait à la mettre en confiance.
Aujourd’hui, c’est moi qui vais vous aider à l’entrainement. Ne soyez pas si nerveuse, essayez de simplement faire au mieux. Il est inutile de vous mettre la pression, personne n’attends de vous que vous soyez aussi efficace qu’un soldat entrainé en seulement deux mois.
Quand on savait qu’il fallait trois mois de classes intensives, rien que pour former le trouffion de base de l’armée de Terre, et bien plus quand des spécialités rentraient en jeu, il ne leur demandait naturellement pas la lune en si peu de temps.
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| Invité | Dim 23 Juin - 10:50 | Je ne connais pas le commandant de l’UTRD. J’entends par là que mon père a mis un point d’honneur à ce que je puisse reconnaître, de loin, tous les militaires importants à bord du vaisseau, mais que j’ignore tout du code de conduite de cet homme. Quand je me figure un militaire haut gradé, ce n’est pas sans une espèce de tour d’ivoire et le rayonnement de son importance tout autour de lui, qui tiendrait à distance jusqu’aux personnes non concernées par son système de hiérarchie. Et voilà que j’entends mon prénom dans la bouche de celui-ci, dans une tentative de familiarité qui a quelque chose d’encourageant et dont je lui sais gré, mais qui me paraît étrange un peu malgré moi, sans doute parce qu’elle me fait encore sentir tout ce que notre situation de colons a d’extraordinaire. Il n’en reste pas moins intimidant pour la bleusaille de fortune que je suis. Pourtant, s’il y a une chose dont j’ai horreur, c’est de ne pas avoir de considération pour les efforts qu’on peut fournir en ma faveur ; alors même si je ne suis pas spécialement plus détendue, je m’efforce de signifier que sa tentative n’est pas totalement tombée à l’eau. Et quoi de mieux pour ça ? Un accès d’humour foireux, bien évidemment : « Oh… Je… D’accord. Mais… Est-ce que vous pourriez ajouter quelque chose comme ̎C’est un ordre, Stella.̎ histoire que mon père ne cherche pas à faire de moi la prochaine ration de viande séchée ? » Et voilà que la fille à papa grimace un sourire. Splendide. Bientôt, je vais carrément lui demander une dérogation écrite pour me dispenser de salamalecs.
Je vous ai déjà dit que le commandant de l’UTRD était intimidant ? Il le devient plus encore quand je comprends – à retardement – qu’il va se charger de mon instruction ce matin. J’ouvre la bouche pour dire quelque chose, mais je me ravise avec la subtilité d’un hippopotame qui fait un plat, laissant clairement lire sur l’expression changeante de mon visage – qui oscille entre la panique, le scepticisme et l’émoi – tout ce que je suis en train de penser aussi clairement que si je ne l’avais formulé. Je vous l’ai déjà dit, j’ignore tout du code de conduite du commandant de l’UTRD, et qu’il s’embarrasse de former une civile me surprend. Oh, ça en dit probablement long sur son désir que le travail soit bien fait, je suppose ? Mais c’est plus fort que moi, le fait que ce soit lui me fait prêter des enjeux plus importants à cet entraînement. Alors, loin de me détendre davantage en dépit de tous ses efforts, je blêmis un peu, affolée à l’idée de lui faire perdre son temps. Je plisse les yeux dans un mélange d’incrédulité et de contrition, secouant négativement la tête dans un geste fantomatique, l’air de lui demander : « Vous êtes sûr… ? » Mais je m’aperçois qu’il serait profondément irrespectueux de discuter, aussi je finis par inspirer à nouveau et lui présenter mes excuses : « Oh, pardon. C’est seulement que… Je ne pensais pas que… Pardon. » Ne pas se mettre la pression, a-t-il dit. Je n’ai fait que ça durant toute ma vie et, quelque part, je pense que ça a du bon, d’exiger de soi-même plus qu’on ne peut donner en apparence. Mais les enjeux sont différents ici. Il ne s’agit pas seulement de moi. J’ai été habituée à porter le poids de l’attention publique sur mes épaules, à sourire et à continuer mes enchaînements même quand mon corps était meurtri, à balayer d’un battement de cils tout le trac qui menaçait de me faire m’écrouler dans les vestiaires avant d’affronter les caméras et le jury. J’ai appris à rendre mon cœur aussi paisible qu’une mer d’huile. Ma situation actuelle n’a rien de commun avec celle de la gymnaste que j’ai été, pour la simple raison que, lorsque je ratais un saut et que je me réceptionnais mal sur mon tapis de gymnastique, personne ne mourait. Le commandant de l’UTRD semble en avoir conscience. Sa jeunesse apparente a de quoi surprendre, mais elle est nuancée par ses nombreuses cicatrices. Je suis toujours un peu étonnée qu’il ne soit pas auréolé du mépris de l’expérience. Et un peu décontenancée par le décalage qu’il y a entre ses paroles, qui se veulent réconfortantes, et l’expression de son visage qui n’est pas sans rappeler l’austérité d’un mur de prison. Qu’à cela ne tienne, je déglutis péniblement et rassemble toute ma contenance pour ne pas bafouiller, cette fois-ci : « Merci. Je tâcherai de ne pas vous décevoir. »
Mon cœur bat un peu trop fort, à la fois d’appréhension et d’excitation. Qu’a-t-il prévu pour cet entraînement ? Dois-je prendre les devants et dire clairement ce que j’ai envie de travailler ? Je m’y risque – ma volonté a beau être muselée par la peur, elle ne tarde jamais à revenir au galop : « Ratatosk dispose d’un réseau de câbles et de fouets que je peux manipuler individuellement ou simultanément. Mais lors de ma dernière simulation, j’ai eu beaucoup de mal à concilier nombre et précision. Tout va encore trop vite pour moi, mais je sens que je peux améliorer cet aspect. Si vous le voulez bien, mon commandant. » Oups, ça m’a échappé.
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| Âge du Personnage : 35 ans Nationalité du Personnage : Francais Métier du Personnage : Commandant de l'UTRD Thomas Dupuy | Mer 26 Juin - 11:38 |
Ce n’était pas la première fois qu’il avait à faire à des civils nerveux, ils étaient nombreux au sein de l’UTRD, peu confiant au fait qu’on leur demande de se battre alors que cela n’était pas leur vocation première. D’ailleurs, en plus de l’entrainement, une grosse partie du travail consistait à les mettre en confiance, à leur faire comprendre qu’ils n’étaient pas seuls et lâchés dans la nature sans soutien. Mais Stella avait l’air de tenir une sacrée couche de nervosité, il aurait cru que la compétition de haut niveau lui avait appris à l’ignorer ou à mieux la gérer. Mais il y avait une différence majeure entre faire des acrobaties en tenue moulante devant des caméras et se préparer au combat. Elle fit une référence à son père, il avait lu son dossier, il savait qu’elle était fille de soldat. Thomas la suivit dans son jeu pour tenter de la détendre.
Vous savez, techniquement, vu son grade et le mien, je peux lui coller quelques tours de terrain s’il n’est pas content.
Ce qui serait sans doute très amusant de voir la fille observer son père faire des tours de stade comme une bleusaille. Ils en revinrent au sujet et Stella semblait avoir du mal à se faire à l’idée qu’il allait être son instructeur. Il la laissa parler et quand elle eut fini, il fit quelque chose de plus inattendu, montrant qu’il était au passage un tactile. Il approcha de Stella et lui prit les joues entre ses doigts, créant ainsi un effet de surprise.
Sérieusement, détendez-vous Stella, vous allez me faire un AVC à ce rythme. Et je ne mange personne.
Parce qu’à ce rythme, il allait devoir attendre une demi-heure avant qu’elle ne soit suffisamment calme pour commencer.
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| Invité | Mer 26 Juin - 18:10 | Bon, Si le commandant a volontiers mordu à ma tentative d’humour, il est en revanche un peu moins dupe de mon petit numéro de guerrière-en-herbe-qui-sait-exactement-ce-qu’elle-veut-pratiquer – oui, c’est à ajouter à mon CV. Je n’ai pas le loisir de m’en vexer, cela dit, parce que le geste qu’il ne tarde pas à avoir me fait écarquiller les yeux et m’arrache un hoquet de stupeur. Ma discipline naturelle fait que je me contente de me raidir un peu, sans mouvement brusque, mais je trouve presque une ironie cruelle dans une telle initiative pour craindre, juste après, que je ne fasse un AVC ! Sacré commandant. J’ai du mal à dissimuler mon trouble, mais je tâche de déglutir péniblement et de m’éclaircir la voix : « Je suis très détendue. » mens-je avec aplomb – et le talent d’un rhinocéros essayant de jouer du pipeau. L’espace d’une seconde, j’hésite à lui demander s’il a des astuces, lui, pour se détendre efficacement, mais j’ai peur que ça ne soit pousser la familiarité trop loin, alors je m’abstiens.
Sans chercher à me dégager, parce que je ne voudrais pas paraître offensante à son égard, je poursuis – heureusement, il n’appuie pas trop fort sur mes joues, ce qui fait que je reste intelligible : « J’ai compris. Vous ne mangez personne, et je suis beaucoup trop stressée pour une fille pourtant habituée au trac depuis son plus jeune âge. Mais vous savez que ce n’est pas du tout la même chose, hein ? » Je m’aperçois que j’ai de la chance. Il n’y a rien d’évident à ce que le commandant soit aussi avenant et ouvert, et je sais que d’autres instructeurs n’ont pas vraiment la même approche que lui, sacrifiant la pédagogie à l’exigence que leur confère une expérience parfois aveuglante – je ne peux pas leur jeter la pierre, d’ailleurs. J’essaie de soutenir son regard, ne tardant pas à afficher une petite moue qui semble signifier « Vous pouvez me lâcher, maintenant… ? » Mais ce sont finalement des mots bien plus raisonnables qui franchissent le rempart de mes lèvres : « Je vous assure qu’on peut commencer. L’entraînement me distraira de mon anxiété. » Allez, on y croit !
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| Âge du Personnage : 35 ans Nationalité du Personnage : Francais Métier du Personnage : Commandant de l'UTRD Thomas Dupuy | Mer 3 Juil - 19:30 |
Vu qu’elle était complètement bouffée par le stress, Thomas tenta de la détendre, avec plus ou moins de succès car elle se raidit encore plus dès qu’il lui prit les joues, lui tirant un hoquet de stupeur qui se révélait très mignon au passage. La jeune femme tenta de la rassurer en disant être calme et finit par admettre haut et fort son problème. Thomas finit par la lâcher quand elle lui fit son petit regard de chaton malheureux. Cette fille ne devait pas se rendre compte qu’elle pouvait facilement faire craquer n’importe qui pour obtenir ce qu’elle voulait. Elle lui certifia être prête à commencer l’entrainement.
Bien, dans ce cas, mettons-nous au travail.
Thomas fit apparaitre un écran holographique et donna plusieurs consignes. La grande salle d’entrainement vide, commença soudainement à s’animer. Les nanomatériaux commencèrent soudainement à former des structures complexes, puis, les hologrammes de réalité augmentée se mirent en œuvre pour donner l’impression d’être dans une forêt similaire à celle de la planète.
Prenons les choses une à la fois. Tout d’abord, vous devez savoir vous déplacer à votre aise sur un terrain d’opération. Votre Écaille étant spécialisée dans les environnements denses, cette forêt fera l’affaire. Vous partez de là.
Il lui désigna un point dans les arbres qui se matérialisa par un hologramme.
Vous devrez simplement vous rendre jusqu’à cette destination en passant obligatoirement par ces points relais.
Tout en parlant il désigna d’autres pointeurs holographiques qui apparurent.
Soyez rapide, mais restez efficace dans vos déplacements, commencez par sentir votre Écaille et ses capacités. En piste !
Thomas matérialisa sa propre Écaille et fit signe à la jeune femme se mettre au travail.
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| Invité | Jeu 18 Juil - 14:33 | À mon plus grand soulagement, le commandant consent à me croire – ou à faire semblant – et me libère pour débuter l’entraînement. Je n’ai pas totalement été de mauvaise foi en affirmant que l’exercice me distrairait : j’ai beau toujours être intimidée par le fait que ce soit lui qui supervise mes efforts, la perspective de pouvoir rendosser Ratatosk me chatouille agréablement le ventre. C’est plus fort que moi ! J’essaie quand même de ne pas avoir l’air trop cruche face au déploiement des technologies de pointe qu’il met en branle – et c’est raté : l’émerveillement s’empare immanquablement de moi.
Je tâche malgré tout d’écouter ses instructions avec attention. Dans un premier temps, il s’agit de maîtriser parfaitement le terrain où j’évolue. J’acquiesce. De fait, il y a toujours un fossé entre l’extrême dextérité que mon écaille est censée me permettre et ma capacité toute relative à ne pas me bouffer une branche d’arbre en pleine poire parce que je me suis laissé distraire par le défilement enchanteur du paysage forestier. Ô, Sainte Brigitte, permets-moi de ne pas trop me ridiculiser devant le Grand Patron. Bien évidemment, le fait qu’il ait revêtu son écaille n’arrange rien, mais je m’efforce de ravaler la forte impression qu’il produit sur moi. « Entendu. » J’essaie de visualiser le parcours qu’il me demande de suivre avant de déployer Ratatosk qui m’enveloppe aussitôt comme un cocon protecteur et ductile – au moins, si je dois avoir l’air con, le commandant ne le verra pas ! Mon premier réflexe, puéril je l’admets, est de lui proposer de faire la course, mais la grande Brigitte me conserve en sa sainte garde, je me rappelle in extremis qu’on n’a pas mangé du poisson fermenté ensemble ; aussi ai-je la présence d’esprit de la boucler. C’est fou comme les insuffisances qu’on se découvre rendent croyant, hein ?
Trêve d’âneries, j’arme mon grappin pour agripper le premier point du parcours, situé dans un arbre à proximité, et m’y propulse sans trop de difficulté dans un mouvement arachnéen. La sensation est terriblement grisante et j’essaie de ne pas me laisser étourdir. Il faut que je m’accoutume à trouver des chemins dans ce qui ne ressemble de prime abord qu’à un réseau inextricable de branches et de feuilles ; ne pas céder à la facilité du sol : je sais tout ça, mais comme on dit, c’est plus facile à dire qu’à faire. Bien entendu, pour compliquer les choses, tous les échelons du parcours ne se situent pas à la même hauteur et certains m’imposent des déviations à travers une végétation plus dense qu’à d’autres endroits. J’inspire profondément. Rapidité et efficacité, a-t-il dit. J’oublie totalement que le décor est artificiel et m’élance enfin. Mon outil principal est le grappin, mais je sens que d’autres câbles n’attendent que d’être sollicités pour saisir des points d’accroche sur le commandement de mon seul instinct. J’y fais appel dès le troisième saut pour écourter ma descente, me propulser à nouveau et engloutir la distance plus rapidement. Quand j’en ai la possibilité, je cours sur une branche épaisse, sacrifiant un peu la rapidité au profit d’une stabilité qui me permet de mieux distinguer le chemin à parcourir. Tout se passe à merveille, jusqu’à ce que j’aie la malheureuse idée de me propulser au-dessus de la cime des arbres pour avoir une meilleure vue d’ensemble : la branche à laquelle je m’agrippe pour maîtriser ma retombée n’est pas assez solide et se rompt sous mon poids. La salle de simulation ne laisse rien au hasard, c’est incroyable ! Si mon écaille amortit ma chute, je n’en jure pas moins en suédois – « Helvete ! » – souffle rageusement par le nez derrière mon casque et repars aussitôt, non sans risquer un : « Vous n’avez rien vu, mon commandant ! » J’y suis presque.
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| Âge du Personnage : 35 ans Nationalité du Personnage : Francais Métier du Personnage : Commandant de l'UTRD Thomas Dupuy | Mer 31 Juil - 10:55 |
Pour la nervosité, là, il n’y avait aucune recette miracle, il fallait simplement du temps, de l’habitude et de la pratique. Il lui donna un exercice simple dans un premier temps, du déplacement. Cela pouvait sembler anodin, mais dans le feu de l’action, savoir où et comment se placer était crucial, et puisque son Écaille était du genre mobile, il fallait en profiter. Il n’y avait d’ailleurs pas que l’armure qui faisait le travail, Stella avait un vrai talent, recyclé de sa formation de gymnaste, son aisance au déplacement était impressionnante, mais elle fit tout de même une petite qui la fit chuter. Thomas répondit à sa taquinerie par une autre.
Malheureusement pour vous, Stella, je suis désolé, mais j’ai tout vu.
Il se garda bien de préciser qu’il ne parlait pas que de la chute, il fallait dire que la combinaison qui lui servait d’Écaille était quand même très moulante. Mais cela il ne le préciserait pas, de un, ça risquerait de passer pour du harcèlement sexuel, et de deux, la gêne risquerait peut-être de la rendre encore plus nerveuse qu’elle ne l’était déjà. Quoique, en tant qu’ancienne gymnaste de haut niveau, elle devrait avoir l’habitude de se retrouver devant des spectateur en portant une tenue ultra moulante qui ne laisse pas beaucoup de place à l’imagination. Mais le commandant laisse vite ces considérations de côté pour reprendre la formation. Dès qu’elle termine le parcours, il lui envoie une bouteille d’eau.
Les débuts ne sont jamais faciles, mais on continu, la pratique reste le meilleur des professeurs.
Après la pause, Thomas lui fit refaire un parcours, différent cette fois, puis un autre, et encore un autre, et ainsi de suite, jusqu’à ce qu’elle soit plus à l’aise.
Bien, vous progressez. Maintenant, vous allez essayer de vous déplacer, tout en exploitant en même temps l’environnement, on va corser un peu l’exercice.
Là-dessus, Thomas fit apparaitre un de ces gros pistolets-mitrailleurs de son stockage quantique.
Ne vous inquiétez pas, ce ne sont que des balles de peinture.
Il la rassura en faisant un essai devant elle sur un faux arbre.
Si vous ne voulez pas finir peinturlurée, va falloir esquiver et vous mettre à couvert. En piste !
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